Le Reppian et l’Orserain
Un Reppian sur sa côte ensoleillée
Tenait dans ses bras une meule des Arpalles
Un Orserain dans son trou ombragé
Cria au bronzé dans sa voix originale
« Adjeu dont dis voire t’as une bonne gueule
Sans mentir si ta pièce
Est meilleure que celle de la Peule
T’auras plus besoin d’aller à la messe »
A ces mots le Reppian ne se sent pas de joie
Et pour rendre hommage à son alpage
Il lève les bras et voit rouler son fromage
L’Orserain le rattrape et lui dit
« Et mon gars faut que tu saches
Que de se faire trop flatter
Te laisse cet hiver affamé
Cette leçon vaut bien ce fromage à racler »
Le Reppian furieux et gêné
Jura mais un peu tard
Qu’il ne se fera plus berner
Le gypaète et le loup
Maitre gypaète bien installé sur son abricotier
Rupait une bonne viande séchée.
Maitre loup déprimant de ne plus rien zieuter sur les sentiers
Descendit par l’odeur alléchée.
Il lui dit :
Adieu dont !
Qu’est-ce que tu fous en bas ici !
Le gypaète lui répondit :
Je vais rabatteur à la finale Cantonale à Aproz
Mais avant je me requinque
Avec un bon morceau.
– Mais dis-moi tu connais la chanson
« Mon beau Valais ?»
– Tu sais d’où je viens ! Écoute un peu ceci.
Quel est ce pays merveilleux que je chéris
Où je suis né.
Il ouvrit tellement son clapet
Que le bout de viande séchée tomba
Dans la gueule du loup.
Celui-ci lui dit :
T’as beau brailler l’hymne Valaisan
Mais t¨es pas bien malin.
La prochaine fois rupe avant de faire ton Stromae.
Le gypaète honteux et contrarié
Jura mais un peu tard qu’on ne lui volera
Plus sa viande séchée.
La cigale et la fourmi
La cigale, ayant dansé
Tout l’été
Se retrouva avec des cloques aux pieds
Quand l’automne fut arrivé
Toutes ses sandales lui faisaient mal
Elle alla demander de l’aide
Chez la fourmi Fred
La priant de lui prêter
Une crème pour ses pieds
La cigale lui dit
“Je vous masserai ma chère
Durant tout l’hiver !”
La fourmi n’est pas relax du tout
C’est là son moindre défaut
“Durant l’été, que faisiez-vous !
De votre peau ?”
“Nuit et jour à tout venant
Je dansais, ne vous déplaise”
“Vous dansiez ?
Tout à votre aise !
Eh bien : soignez-vous maintenant”
Le corbeau et le renard
Maître corbeau sur un sapin chéper
Tenait en son bec un camembert.
Maître renard par l’odeur appâté,
Commence à lui causer ;
« Hé ! Salut Monsieur du Corbeau.
Je vous cherchais mon moineau !
Sans blaguer, si votre voix
Se rapporte à ce que je vois
Vous avez autant de flow que Dicaprio. »
Le corbeau se sentant trop beau,
Commence en ni une ni deux à chanter :
Libéréééééééé ! Délivréééé !
Le fromage étant tombé,
Le renard le prit et dit : « Mon coco,
Apprends dans ton micro-cerveau
Que je suis pas ton poto ! »
Le corbeau, un peu dégouté
Jura mais un peu tard qu’il restera solo.
La cigale et la fourmi
La cigale ayant mangé
Tout l’été
Se trouva fort embêtée
Quand la famine fut arrivée.
Pas un seul petit morceau
De truite ou de cabillaud.
Elle alla crier famine,
Chez la fourmi sa voisine,
La demandant de lui donner
Quelques poissons pour résister
Jusqu’à la semaine prochaine
« Je vous en rendrait, lui dit-elle.
Avant l’oût, foi d’animal,
Intérêt et principale. »
La fourmi n’est pas vendeuse ;
C’est là son seul défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette flemme.
– Nuit et jour à tout venant
Je mangeais, ne vous déplaise.
– Vous mangiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien : digérez maintenant. »
Le chat et la souris
Le chat ayant miaulé
Tout l’automne
Se retrouva peu dépourvu
Quand la neige fut venue
Pas un peu de soleil
Un rayon ou une merveille
Il alla gratter la porte
Chez la souris semblable à un cloporte
Lui priant de le réfugier
Quelque temps pour se réchauffer
Jusqu’à la saison nouvelle
“Je t’accueillerai, lui dit-elle,
Avant le printemps, foi d’animal
Intérêt et principal.”
La souris n’est pas frileuse
Ce n’est point là une bizarrerie
“Que faisiez-vous avant de me demander ?
Dit-elle à ce frileux
– Soir et matin à tout venant
Je me cachais, ne vous déplaise
– Vous vous cachiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien : Cherchez maintenant.”
La cigale et la fourmi
La cigale ayant toussé,
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand le manque fut venu.
Pas un seul petit morceau
D’Algifor n’avait Zozo le blaireau.
Elle alla crier Aspirine,
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelques médocs pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Août, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à son emprunteuse.
– Nuit et jour à tout venant
Je toussais ne vous déplaise.
– Vous toussiez ? j’en suis forte aise.
Eh bien ! Choppez la grippe maintenant. »
La cigale et la fourmi
La cigale ayant mangé
Tout l’été
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit repas de pâtes ou de pizzas
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
De la nourriture pour résister
Jusqu’à la saison nouvelle
« Je vous rendrai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là l’inconvénient.
« Que faisiez-vous avant ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
– Nuit et jour, à tout venant
Je mangeais, ne vous déplaise.
– Vous mangiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien : digérez maintenant. »
La cigale et les fourmis
La cigale ayant dansé
Tout l’automne
Se trouva fort dépourvue
Quand l’hiver fut venu.
Pas un seul petit insecte à l’horizon.
Elle alla
Chez les fourmis ses voisines,
Les priant de lui prêter
Un peu d’attention
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi de cigale,
Intérêt et principal. »
Les fourmis ne sont pas danseuses ;
Ce n’est point là un défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dirent-elle à cette dernière.
– Nuit et jour à tout venant
Je dansais ne vous déplaise.
– Vous dansiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien ! Frissonnez maintenant.
Le chat et la souris
Maître souris dans son trou magique,
Tenait dans son bec un fromage.
Maître chat par l’odeur alléché
Lui tint à peu près ce langage :
« Et bonjour Monsieur souris.
Que vous êtes joli ! que vous me
Semblez beau !
Sans mentir, si votre queue
Se rapporte à votre pelage
Vous êtes le mulot des hôtes de cette cave »
A ces mots la souris ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer son beau cri,
Elle ouvrit une large gueule et laissa tomber sa proie.
Le chat s’en saisit et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépends de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »
La souris honteuse et confuse
Jura mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Le chauffeur et l’écologiste
Le chauffeur ayant roulé tout l’été
Se trouva fort dépourvu
Quand l’hiver fut venu
Pas une seul petite trace
De pneu ou d’essence
Il alla crier voiture
Chez l’écologiste son voisin
Le priant de lui prêter
Quelque litres pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle
« Je vous paierai, lui dit il ,
Avant l’oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
L’écolo n’est pas rouleur ;
C’est là son moindre défaut
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-il à cet emprunteur
– Nuit et jour à tout venant
Je roulais, ne vous déplaise.
– Vous rouliez ? j’en suis fort aise
Eh bien : marchez maintenant. »
La cigale et la fourmi
La cigale ayant nagé
Tout l’été
Se trouva fort dépourvu
Quand la glace fut venue
Pas une seule petite place
Entre la neige et toute cette glace
Elle alla crier piscine
Chez la fourmi sa voisine
La priant de la laisser
Nager dans sa piscine chauffée
« Je vous donnerai, lui dit-elle
Le droit de venir patauger
Dans ma piscine tout l’été »
La fourmi qui n’était pas prêteuse
C’était là un défaut
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette demandeuse
– Nuit et jour à tout venant
Je nageais ne vous déplaise
– Vous nagiez ? J’en suis fort aise
Eh bien ! Patinez maintenant
La cigale et la fourmi
La cigale ayant baffré
Tout l’été
Se trouva fort dépourvue
Quand le foehn fut venu
Pas un seul médicament
D’homéopathie ou de Dafalgan
Elle alla crier à l’aide
Chez la fourmi laide
La priant de lui prêter
Quelques pastilles pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle
Je vous paierai, lui dit-elle
Avant l’out, foi d’animal.
Intérêt et principal.
La fourmi n’étant pas docteur
Ce n’est point là un malheur
« que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse
– Nuit et jour à tout venant
Je mangeai, ne vous déplaise.
- vous mangiez ? J’en forte aise.
Eh bien ! Vomissez maintenant. »
Le corbeau et le renard
Maître corbeau sur un arbre chéper
Tenait dans son bec une pipe.
Maître renard par l’envie de fumer
Lui tint à peu près ce langage :
« Et bonjour Monsieur le fumeur
Que vous puez ! que vous sentez mauvais !
Sans mentir si vous fumez autant
Que vous chantez vous allez mourir d’ici peu »
A ces mots le corbeau énervé
Laissa tomber sa pipe.
Pour se venger
Le renard s’en saisit et dit : « Mon bon
Fumeur apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute
Cette leçon vaut bien une cigarette sans doute. »
Le corbeau énervé et décoiffé
Dit haut et fort : « La vengeance
Est un plat qui se mange froid. »
Le corbeau et le renard
Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage,
Maître renard par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Et salut corbeau
Que vous êtes répugnant !
Que vous me semblez méchant
Sans mentir, si votre ramage
Se rapport à votre plumage
Vous êtes le dernier des hôtes de ces bois »
A ces mots le corbeau ne se sent plus
De colère
Et pour protester
Il ouvre un large bec laissant
Tomber sa proie.
Le renard s’en saisit et dit :
« Mon bon corbeau,
Apprenez que toute insulte
Survit que grâce à celui
Qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »
Le corbeau honteux et confus
Jura mais un peu tard,
Qu’on ne l’y prendrait plus.
La cigale et la fourmi
La cigale ayant dessiné
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand le manque fut venu.
Pas un seul petit morceau
De crayon ou de pinceau.
Elle alla crier tableau
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque gomme pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle
Je vous paierai, lui dit-elle
Avant l’août, foi d’animal
Intérêt et principal.
La fourmi n’est pas dessinatrice
Ce n’est là point un défaut.
« Que faisiez au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse ;
– Nuit et jour à tout venant
Je dessinais, ne vous déplaise.
– Vous dessiniez ? j’en suis fort aise
Eh bien ! Peignez maintenant. »